ADONE / ADONIS

de Giambattista Marino

Tome I (Chants 1 à 5) sur V
Introduction du Professeur Marc Fumaroli de l’Académie française
Traduction et Notes de Marie-France Tristan
Paris, Les Belles Lettres, 2014 (Édition bilingue, 318 pages)

           Cet immense poème, publié pour la première fois à Paris en 1623, a connu de nombreuses rééditions en Italie depuis le début des années 1970. En s’inspirant d’illustres prédécesseurs, notamment d’Ovide, mais aussi de Dante, de l’Arioste et du Tasse, en passant entre autres par l’Harmonia mundi de Georges de Venise et la Sepmaine de Du Bartas, Marino y raconte en toile de fond, en un style fleuri, l’histoire des amours de Vénus et d’Adonis, qu’il enrichit d’un réseau serré d'autres mythes gréco-latins visant à illustrer un contenu conceptuel sous-jacent d’une grande densité.

ADONE / ADONIS de Giambattista Marino

           À cette trame mythologique de base se superposent d’innombrables autres sources d’inspiration, toutes porteuses d’une grande variété d’éclairages symboliques et idéologiques. Voulant proposer une synthèse du savoir et des arts de son temps, le poète mêle des descriptions architecturales, picturales, sculpturales ou musicales à des évocations de paysages, à des exposés anatomiques et cosmologiques s’inspirant des plus récentes découvertes scientifiques. À cela s’ajoutent, ici et là, des passages théoriques ou des tirades moralisantes, ainsi qu’une fine analyse des expériences sensorielles et des mouvances les plus subtiles de la psychologie des personnages. Les événements et les situations, et l’univers objectif dans son ensemble, tendent à se fondre dans la dimension subjective qui leur sert de support.

           Dans la continuité du dolce amaro pétrarquesque, les contraires se provoquent et s’annihilent à l’envi en créant les apparences illusoires du « théâtre du monde ». L’amour sacré et l’amour profane, le bien et le mal, la guerre et la paix, la vie et la mort, l’enfer et le paradis, se confrontent inlassablement, pour finalement converger en une harmonia mundi réconciliatrice, celle-là même que suggèrent, à la fin du poème (Chant XX), les « Jeux adoniens » auxquels participent tous les peuples et les grandes dynasties du monde rassemblées à Chypre en hommage funèbre après le couronnement et la mort rédemptrice d’Adonis, implicitement traité ici comme un héros christologique.